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Contexte
L'AERI en raison de ses activités historiques,
s’est interrogée sur la possibilité d’intéresser
des élèves aux valeurs de la Résistance et
d’impliquer des jeunes dans des actions en faveur de ces valeurs.
Ceci afin de créer une continuité entre le vécu
de l'histoire de la Résistance, la transmission de ses valeurs
et leur synergie avec la réalité civique et pédagogique
de l'enseignement.

aeri
Cette expérience s'est
fondée :
- sur la rencontre d'élèves avec des acteurs de
la Résistance et de l'esprit qui a prévalu à
sa création,
- sur la recherche des valeurs actuelles des adolescents et la
manière dont ils font le lien avec ces valeurs de la Résistance,
- sur l'engagement de ces jeunes des lycées et collèges
à traduire d'une manière probante ces valeurs dans
leur vie quotidienne.
aeri
Nous avons mené cette expérimentation
pendant 2 années afin de vérifier nos hypothèses
auprès d’une quinzaine de classes de la 3ème
à la 1ère dans différentes régions de
France. Le résultat de ce travail et les bilans positifs
qui ont été effectués par les professeurs et
les élèves, nous amènent à présenter
sur ce site le déroulé de notre expérience
et la dynamique de notre 3ème année.
Le dispositif méthodologique que nous
avons mis en place a été le suivant :
- Investigation en profondeur sous forme d'étude qualitative
des "valeurs profondes" des jeunes (de 14 à 16
ans), issues de leur propre discours indépendamment du
contexte scolaire.
- Analyse du contenu des valeurs intangibles qui sous-tendent
leurs comportements conscients et inconscients.
- Recherche, avec les jeunes eux-mêmes, à partir
de leurs propres idées, de solutions permettant de mettre
en acte leurs valeurs personnelles.
- Recherche d'idées de solutions pragmatiques aux situations
immédiates auxquelles ils se trouvent confrontés
(violence, racket, absentéisme…) et solutions de
proximité agissantes au niveau de la classe, du lycée,
du quartier. Ces solutions étant mises en acte par l'affirmation
d'une action, à partir d'un engagement pris, tenu
et vérifiable.
De cette intervention nous avons pu tirer
un premier bilan issu de l'investigation de ces premières
classes témoins :
D'une manière générale, même
si elles ont du mal à s'exprimer de manière claire
et explicite, les valeurs des jeunes sont intactes et solides et
ne demandent qu'à être éprouvées dans
l’action.
Les valeurs les plus souvent citées sont : le respect, l'égalité,
la solidarité, la tolérance, la vérité,
le respect de la vie, la justice, la famille, le pays, la paix...
On constate l'émergence :
- d'un fort potentiel de valeurs fondamentales, qui s'expriment
de manière "naïve" et directe (les jeunes
recherchent leur propre individualité avec des dérives
possibles vers l'individualisme),
- de valeurs refuges (famille, amitié…), valeurs
« de proximité » qui les protégent de
l'anonymat et des incompréhensions dont ils peuvent faire
l'objet,
- d'un manque de propositions par les adultes de "sens"
ou de "vision" qui les élèveraient pour
accéder à leurs propres trajectoires,
- d'une méfiance pour les modèles proposés
par les adultes (reliée au manque de confiance dans la
parole donnée),
- d'une attente formidable de valeurs porteuses reliées
à des adultes « exemplaires » dont les résistants
semblent être les ultimes « héros » crédibles.
- Ils ne trouvent actuellement que des modèles d'identification
flous exclusivement proposés par les supports de communication
peu fiables (TV, magazines…).
- d'un manque de valeurs spirituelles dû certainement à
la communication systématique
- d'un dogmatisme religieux qui en étouffe l'expression,
- d'une expression déjà fort riche de valeurs de
changement non perverties par des valeurs moralisantes figées.
Si pour eux la liberté de pensée et
d'expression est une valeur clé, leur esprit de résistance
naît d'une prise de conscience de la manipulation de la vérité,
de l’intuition du mensonge qui se cache sous le terme de «communication».
A la différence des valeurs de liberté
collective de la Résistance, ils sont dans l'urgence de défendre
leur liberté individuelle et leur individualité tout
en estimant que c'est en créant des regroupements solidaires,
en s'unissant qu'ils pourraient agir.
Ils sont prêts à un engagement de proximité
(c'est pour eux une certaine forme d'illusion que le besoin d'aller
sauver les gens toujours plus loin).
Ils ressentent très fortement une solidarité
avec leur environnement proche.
Ils sont partagés, pour agir, à s'engager dans des
structures politiques existantes ou inventer des "regroupements"
leur permettant d'influer sur une réalité qui les
écrase.
Cependant ils ne semblent pas dupes de la limitation
de leur liberté de pensée que la lourdeur d'une structure,
d'une organisation représente et ils expriment la méfiance
de tout modèle qui peut être un obstacle à leur
liberté individuelle fortement revendiquée.
Ils restent cependant en quête de structures
qui lutteraient contre les inégalités et ne savent
cependant pas qui pourrait les aider. Cela les renvoie à
leur propre solitude et à leur propre impuissance face à
leur besoin de mettre en pratique leurs valeurs.
Mais il est essentiel de constater que leur appropriation
de ces valeurs correspondent à des formes qui leurs sont
propres et qu’elles ne sont pas forcément immédiatement
décodables par les adultes.
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